Les deux faces d’une même pièce

Dernière mise à jour le 07-03-2023 à 19:54 pm - Temps de lecture estimé 00:59:49

Nous étions là nues, déjà trempées de sueur, le regard dans le vague à détailler les contours des mosaïques de pierre claire qui tapissaient les murs de la petite salle à l’ambiance surchauffée dans laquelle nous nous étions installées. J’ai toujours aimé à me prélasser au hammam, très tôt le matin quand il n’y a encore que peu de baigneuses.

Ce jour-là ne devait pas échapper à la règle et, bien que nous ne fûmes que six ou huit à nous préparer, mon regard fut rapidement attiré, non loin de moi, par l’étrange comportement d’une jeune femme à la beauté sculpturale. À l’écart au fond de la pièce, elle semblait être toute attentionnée au service d’une autre femme à peine plus âgée qu’elle qui, bien que se sachant observée du coin de l’œil, ne boudait pas son plaisir de s’afficher ainsi.

Ainsi, tandis que cette séduisante blonde s’affairait toujours à savonner son aînée avec soin, presque tous les regards de cette assemblée semblaient s’être irrésistiblement focalisés sur ses formes musculeuses, probablement plus par envie que par embarras.

Intriguée, une beurette tenta un instant de s’adresser à elle en arabe, mais comprenant qu’elle ne le parlait pas, elle attendit patiemment qu’elle eut terminé sa tache avant de reprendre en français.

— « Mon plaisir est celui de ma maîtresse » C’est bien ce que j’ai lu sur tes reins, n’est-ce pas ?

Plus surprise que gênée par cette question, la jeune femme acquiesça d’un rapide hochement de tête tout en s’affairant nerveusement à défaire sa chevelure qu’elle tenait en tresses strictes comme si cette coiffure n’avait pour seul but que de mettre en valeur le curieux collier doré dont elle aurait déjà dû se défaire.

— Croyez-vous qu’il soit possible d’accéder au plaisir alors que c’est volontairement que vous auriez renoncé à votre liberté ? Lui répondit-elle calmement tout en lui présentant, plaqué contre sa nuque, l’étrange fermoir qu’elle ne pouvait ouvrir.

— Mais alors, ce tatouage…, tu es donc bien son esclave ! Lâcha-t-elle finalement, comme troublée par cet aveu.

Un instant perturbée par une brusque sensation d’étouffement lorsque je franchis à mon tour les arches de la salle chaude du hammam, je restais pourtant attentive à cette conversation que j’avais surprise quelques instants plus tôt tandis que nous nous douchions et qui semblait vouloir s’animer de nouveau.

— Les apparences peuvent parfois être trompeuses, mais vous avez raison. La soumission doit toujours être totale pour être vécue pleinement et bien qu’il soit possible que vous pensiez que je sois une fille facile, il serait vain que j’ose prétendre le contraire. Me croyez-vous quand j’affirme que c’est bien de mon plein gré que je la sers ? Demanda-t-elle finalement, tandis qu’elle s’agenouillait tout naturellement aux pieds de cette femme mystérieuse sous les yeux médusés de son interlocutrice.

Puis, jetant un regard furtif à sa maîtresse, elle sembla attendre son assentiment avant de poursuivre d’une voix douce mais incroyablement décidée.

*
* *

« Permettez-moi d’abord, d’illustrer mon propos » Entreprit l’esclave, saisissant aussitôt l’attention de notre petite assemblée avant de poursuivre.

L’hédonisme, qui pourrait résumer le but de l’existence humaine à la recherche de plaisirs, s’accorde parfaitement avec une autre de ses aspirations naturelles qu’est la liberté. Cependant, il est aisé de remarquer que depuis toujours, l’homme a également une fâcheuse tendance à accepter la servitude. Aussi, qu’elle soit subie ou peut-être volontaire, il serait aisé de penser que par antagonisme, cette soumission se rattache donc nécessairement à la douleur ou la souffrance.

Ainsi, la source du malheur de l’homme ne résiderait-elle pas dans son incapacité à se satisfaire de plaisirs matériels qui s’avéreraient être superflus car éphémères ? À moins que le plaisir en plus d’être naturel se doive aussi d’être un besoin nécessaire sous peine d’être considéré comme mauvais ? Que dire alors de la curiosité ou de la passion qui, tout en n’étant pas rationnellement désirées, auraient de ce fait la capacité de lui faire intérioriser sa propre servitude en altérant sa volonté ?

Une vie heureuse supposerait donc, qu’après une nécessaire prise de conscience de son état, l’asservi œuvre à son émancipation en se libérant du joug de sa servitude et se mette en quête de nouveaux objectifs plus élevés comme la connaissance, qui serait ainsi un plaisir encore supérieur, capable de le satisfaire cette fois car dénué de toute sensibilité ?

Je n’aurais pas la prétention de répondre à moi seule à cette vaste problématique. Pourtant, bien que je ne sois pas encore convaincue qu’il faille absolument renoncer à certains plaisirs pour ne pas souffrir, il me semble cependant que l’essentiel est que l’on n’aspire pas au plaisir en se satisfaisant de sa propre soumission. Il est donc indispensable de rechercher le plaisir et la liberté sans compromission, c’est probablement ainsi que l’on acquiert ce que l’on pourrait peut-être définir comme étant la sagesse.

Ce combat, est celui que je mène, et ces marques que je porte sont effectivement là pour me rappeler tous les jours combien les choix que l’on fait peuvent s’avérer être cruciaux et irrémédiables.

Voici donc ce que j’ai vécu, il y a quelques temps déjà, alors que je venais d’arriver à Marseille. Détachée sur un projet informatique important pour ma compagnie, j’ai été la victime d’un chantage qui a bouleversé le cours de ma vie.

Je n’ai jamais été très pudique, et c’est après avoir été contrainte à m’exhiber dans un magasin de vêtements que je suis bien vite devenue l’attraction d’un soir dans un club privé.

Mais tandis que je n’y voyais encore qu’un simple jeu auquel je me soumettais de bonne grâce, c’est à cet instant précis que mon corbeau s’est manifesté pour la première fois.

Au début, c’est presque avec délectation que je me pliais aux jeux érotiques qui m’étaient imposés, puis le doute a commencé à m’envahir alors qu’ils devenaient toujours plus exigeants. Il peut paraître curieux que l’on cède parfois à des contraintes qui, avec le recul apparaissent comme étant bien anodines, cependant je dois bien avouer également que c’est la curiosité qui a causé ma perte.

Bientôt, comme prise dans un engrenage infernal, c’est portée par mes pulsions les plus primaires que j’ai commencé à arpenter les chemins de la soumission. Jouant toujours de mes désirs comme l’on joue d’un instrument, je découvrais sans cesse de nouvelles facettes de ma sexualité pendant que je m’exhibais dans des soirées de plus en plus érotisées.

Vous pouvez désapprouver mon comportement et je comprends qu’à bien des égards j’ai franchi et repoussé les limites de la bienséance alors que, telle une courtisane, je me livrais ouvertement à la luxure.

C’est sur cette voie toujours plus dangereuse qu’elles me faisaient m’aventurer, et bien que cette vie de débauche me semble n’avoir pas de fin, je sentais qu’inexorablement ces turpitudes finiraient inévitablement par me conduire tout droit en enfer.

La tension qui précède le plaisir est parfois plus agréable que le plaisir lui même. C’est avec un luxe de raffinement que je l’ai ressenti quand, alors que la prudence aurait dû m’en prévenir, je me suis soumise. Au terme d’une longue période de chasteté, tandis que l’adrénaline qui pulsait dans mes veines obscurcissait mon raisonnement c’est au comble de l’excitation que deux servantes égyptiennes m’ont persuadée de livrer mon plaisir à la Sunnah.

— La Sunnah ? Insista alors la femme arabe avec perplexité comme si cette sentence devait être une malédiction.

— C’est bien cela. Répondit-elle fermement.

Puis, reprenant avec plus amertume dans le son de sa voix, l’esclave soupira

— … ainsi qu’une vie à l’abri du besoin et des hommes.

Encore émue par cette réponse, la femme marmonna quelques paroles que personne ne comprit, nous laissant bien incapables de savoir si c’était de l’admiration ou de la compassion qu’il fallait lire dans le regard sombre qu’elle lui jetait, tant il lui semblait improbable qu’elle ait pu se sacrifier à une telle coutume.

Imperturbable pourtant, elle continua son récit.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que je m’étais fiée à des mirages et que les bijoux luxueux dont j’avais été parée n’étaient en réalité que les implacables gardiens de ma fidélité puisqu’à défaut de pouvoir m’en défaire, ils me condamnaient à une terrible servitude.

En un instant, sans même que je ne m’en rende compte, toute ma vie avait basculée. Aussi, alors que je pensais que mon engagement ne faisait de moi qu’une simple soumise, j’eus tôt fait de découvrir que, bien pire encore, c’était mon plaisir qui était tenu en esclavage.

Je pouvais aller et venir, j’étais libre de mes actes, j’aurais facilement pu m’enfuir puisque rien ne me retenait. Mais j’étais aussi la gardienne de ma propre prison, et maintenant persuadée que tant que je serais parée de ces damnés bijoux dont je ne pouvais me défaire, il me serait impossible d’avoir une vie normale et de satisfaire un homme, je me contentais de me laisser doucement bercer pas les odes de Sapho.

Ce n’est que bien après qu’elle m’ait parée de cet imposant collé doré que j’ai découvert, qu’en plus d’être le symbole de ma condition d’esclave, il était également pucé.

Quelle ironie ! Quand on constate que plus de la moitié de l’humanité ne sait déjà plus se passer de son smartphone, puisque c’est avec cette même technologie que tous mes faits et gestes étaient contrôlés. J’étais pleinement consciente de m’afficher dans toute ma gloire d’esclave, d’être parfois méprisée pour cela tandis que la masse se complaisait depuis longtemps déjà dans cette même surveillance numérique géo-localisée au prétexte perfide d’une hypothétique couverture médicale d’urgence ou même d’une protection contre le terrorisme. Qu’elle idiotie quand on sait que jamais une caméra ne pourra vous protéger d’un tel acte.

Tandis que confortablement installée au fond de son bureau ma maîtresse pouvait surveiller le moindre de mes mouvements, il est surprenant de constater qu’à partir d’un simple téléphone, d’une carte bancaire ou d’une connexion internet des milliards d’autres esclaves dans le monde le sont aussi, également de leur plein gré.

Comme moi, dans le confort de leur prison dorée, ils sont bien prompts à s’offusquer des actions des pays totalitaires, auprès desquels ils n’hésitent pourtant pas à s’approvisionner des moyens de surveillance qu’ils développent, au prétexte de leur propre bien être. Dans ces conditions, il est encore plus surprenant de remarquer que les moutons, bien que n’ayant rien à cacher, deviennent également moins revendicatifs quand ils se savent surveillés. Quel maître ne pourrait rêver ainsi d’un meilleur esclave ?

Il me faut pourtant reconnaître que même si j’ai pu parfois éprouver du plaisir à être fessée, j’ai toujours été profondément vexée de devoir demander à ma maîtresse à ce qu’elle me corrige.

Malgré mon engagement, tandis que l’on me formait à mon nouveau statut d’escorte de luxe, j’ai lentement compris que, loin d’assumer mes fantasmes à travers ceux de celle qui me dominait comme je me l’étais imaginé, j’avais tout bonnement été recrutée par une organisation mafieuse pour en être l’une des vitrines.

Il m’a fallu du temps pour comprendre que ce projet de portail informatique n’était qu’un leurre, probablement d’ailleurs pour tromper la curiosité des agences internationales de renseignement. Ces réseaux sont difficiles à cerner car basés sur la fraternité de leurs membres, puisque qu’en divisant à l’extrême leurs actions et en multipliant les intermédiaires il est presque impossible d’en repérer les interactions sociales alors qu’ils n’échangent entre-eux que des dettes et des créances.

Toute surveillance numérique étant illusoire, face à la violence de leurs méthodes ils peuvent prospérer tranquillement puisque leur sécurité repose sur la confiance qu’ils se portent au sein du groupe. Ma maîtresse n’était peut-être qu’un rouage ou un membre important d’une famille dirigeante pourtant, bien qu’elle m’ait toujours affichée comme son animal de compagnie, je ne saurais même pas décrire avec précision les activités auxquelles j’ai été mêlée.

« Mais pardon, je manque à tous mes devoirs car j’ai négligé de vous présenter Irina, ou plutôt Maîtresse Irina », fit-elle avec un sourire amusé, tout en lui jetant un clin d’œil complice.

« Elle est charmante quand ses petits seins frétillent sous la douche, mais elle est également très séduisante dans son grand uniforme de premier lieutenant de police ! »

La petite assemblée se fit soudainement silencieuse, comme surprise par cette étonnante révélation. Puis, comme satisfaite par son effet, elle reprit.

Il ne faut jamais se fier aux apparences car les faits n’ont pas toujours le sens que l’on voudrait qu’ils aient. Mais ceci on ne peut le percevoir qu’une fois que l’on a fait l’effort de sortir de l’agréable léthargie dans laquelle l’on s’est laissé bercer et que l’on prend le risque de découvrir par soi-même ce qui nous est caché. Cette démarche est longue et difficile mais c’est à ce prix que l’on peut discerner le sens réel des choses et la vérité.

Ainsi, alors qu’elle n’était encore que cadette à l’académie de police, c’est elle qui, au cours d’une opération menée par Interpol, a pu me délivrer de ce réseau de prostitution pour lequel je travaillais à mon insu et dont les racines est-européennes s’étendaient à tout le Moyen-Orient.

Avec une habileté déconcertante, celle qui m’employait le jour à lui bâtir un site informatique ultra-sécurisé mais qui aussi, était le succube qui tourmentait mes nuits, en était l’une des pièces essentielles. Peut-être les choses auraient-elles pu se dérouler autrement si j’avais été un peu moins insouciante ? Mais les faits sont ainsi, et alors que ma naïveté jouait contre moi, c’est à force de persuasion et parfois de contraintes, qu’elle a pu profiter de mes craintes, de mes désirs et de toute la palette de mes sentiments pour mieux me faire tomber dans le piège qu’elle m’avait tendu.

Dès notre première rencontre mon sort aurait pu être scellé, tant il lui était facile alors de me faire disparaître d’une ville que je ne connaissais qu’à peine. Pourtant, comme un prédateur se joue parfois d’une proie qui se sait condamnée, c’est lentement et avec perfidie qu’elle s’est plu à m’abuser et à me pousser sans cesse à réaliser mes fantasmes les plus sombres. Régulièrement encouragée sur cette voie, ce ne n’est que quand elle m’a remis entre les mains de son organisation que j’ai finalement compris que j’étais devenue à mon tour l’une des actrices du site que je lui avais développé si innocemment.

C’est à cette occasion que j’ai rencontré Irina, alors que je m’épuisais comme d’autres filles à m’entraîner dans les montagnes suisses au prétexte de tester quelques simulacres de protocoles médicaux.

Depuis des mois déjà, elle travaillait discrètement sous couverture dans un laboratoire d’analyse où, à l’occasion de quelques examens de santé, les filles repérées étaient identifiées et prises en charge par cette mafia avant d’être, pour les plus chanceuses, expédiées de par le monde comme esclaves sexuelles à de riches clients.

Le hasard, pour une fois heureux, a voulu que je sois à l’origine de l’achèvement de sa première enquête. Aussi, comme peuvent en témoigner ces cicatrices sur mon épaule et mon bras, le prix que j’ai du payer pour ma propre liberté fut assez élevé. Mais c’est également pourquoi, grâce à elle je peux aujourd’hui, vous conter mon histoire, et de ça, je lui en serai éternellement reconnaissante.

Ainsi, après m’être remise de mes blessures quelque part sur les bords de la mer Noire, à l’écart des turpitudes du monde, pour la remercier de son aide, je lui ai promis qu’un jour, lorsque nous nous reverrions, je lui ferais volontiers découvrir combien il est agréable et gratifiant d’être ma maîtresse.

C’est ce à quoi je m’emploie aujourd’hui avec bienveillance tout en lui faisant découvrir les charmes du hammam pour la toute première fois.

*
* *

Un silence gêné s’était abattu sur la petite pièce, à peine troublé par le bruit de l’eau des bains.

Cependant, alors qu’elle était restée étrangement silencieuse jusqu’à présent, Irina reprit soudain la conversation à son compte.

— Vous ne semblez être guère convaincues ?

Voyant notre perplexité, elle continua.

— Serait-ce peut-être que la liberté est beaucoup plus difficile à assumer que la soumission ?

Ayant instantanément captivé toutes les attentions, elle poursuivit calmement.

Il y a quelques années, alors que je n’étais encore qu’étudiante, c’est une femme qui m’a initiée.

Je terminais à l’époque ma deuxième année de licence et, à l’occasion d’un échange universitaire je m’étais rendue en Espagne où, loin des bruits de la ville, j’avais trouvé à me loger chez l’habitant, dans un petit village sur la Costa Bianca.

J’étais encore bien jeune et écervelée et bien que la saison touristique débute à peine, je m’apprêtais à regret à rentrer chez moi. À quelques jours de mon départ, tandis que je revenais d’une soirée comme seuls les espagnols sont capables d’en produire, une idée insensée illumina mon esprit. La nuit était douce, et alors que la pleine lune se réverbérait sur les eaux calmes de la piscine, je fus saisie par une irrépressible envie de me baigner. Il était tard, et tout le quartier dormait à poings fermés, aussi c’est sans la moindre appréhension que je jetais au loin mes vêtements avant de me plonger dans l’eau fraîche.

Je n’ai jamais été pudique pourtant, cette nuit-là, fut la première fois ou il me sembla que j’osais enfin franchir les bornes de ce que j’estimais à l’époque être raisonnable. Doucement portée par le clapot de l’eau, je me prélassais sur le dos, les yeux perdus dans les étoiles. Tous mes sens étaient en éveil pourtant, jamais encore je n’avais ressenti une telle sensation de liberté. Ainsi, le moindre bruissement des feuilles dans les arbres alentours ou l’aboiement d’un chien dans le lointain me faisait frissonner tant je craignais que cette petite aventure ne soit découverte.

J’aurai voulu rester indéfiniment dans l’eau bercée par cette torpeur nocturne quand soudain, le flash d’une cigarette que l’on allume déchira la nuit. Mon sang se glaça aussitôt, mais avant que je ne puisse réagir, une voix m’interpella.

— N’aies-crainte, ce n’est que moi.

Je reconnu aussitôt ma logeuse tandis que d’une brasse puissante, j’allai me réfugier contre le rebord du bassin.

— Le porte conteneur sur lequel travaille mon mari est bloqué quelque part en Nouvelle-Zélande. Il vient de m’appeler, voilà pourquoi je suis debout au milieu de la nuit !

Malgré mon trouble, nous restâmes discuter un long moment, du métier de marin et de son homme qu’elle ne voyait que rarement, de son pays, de mes études et de mes ambitions. Au bout de quelques minutes qui me parurent être des heures, presque immobile dans l’eau, je pouvais sentir le froid me pénétrer et mes membres s’engourdir. Incroyablement loquace, elle semblait s’amuser de ma gêne alors que je n’osais sortir de ce bain qui pourtant me glaçait jusqu’aux os.

Dans la pénombre, elle devait afficher un large sourire quand enfin elle se leva et disparu dans la maison. Mais étant à peine de sortie de l’eau, sa présence me surprit de nouveau quand elle me tendit promptement la serviette de bain qu’elle était partie chercher.

— Il est temps que j’arrête de te torturer. Tu dois être pudique et je devine que tu es nue ! S’amusa-t-elle alors à me faire remarquer.

Un instant déstabilisée, j’étais bien incapable de percevoir toute l’ironie de sa remarque tandis qu’à peine séchée, je me contentais d’envelopper mes cheveux dans ce linge qui aurait de toute façon été trop petit pour que je m’en serve de paréo.

— Oh, s’exposer toute nue n’est que peu de choses en comparaison de ce qu’ont pu subir les victimes de l’Inquisition. Répondis-je sans détours tandis que comme par bravade, c’est dans le plus simple appareil que je la rejoignis sous le patio qu’elle venait d’éclairer à présent.

— Je sais qu’avec d’autres étudiants vous êtes allés visiter récemment le musée de la torture d’El Castell de Guadalest …

— Croyez-vous que c’est avec un tel raffinement que vous réussirez à m’extorquer quelques aveux ? Plaisantais-je alors, inconsciente de ce que je lui demandais.

Plus surprise par ma réponse que par mon attitude désinvolte, son visage s’illumina un instant avant qu’elle n’insiste.

— La meilleure route n’est peut être pas la plus directe. En amour, par exemple, le plaisir et la douleur et ne sont-ils pas intimement liés ?

Lisant toute ma perplexité sur mon visage, elle continua

— Peut-être es-tu encore bien naïve et trop inexpérimentée pour t’en rendre compte par toi-même ?

— Que voulez-vous dire ?

— Regarde-toi. Tu es jeune, belle et la vie te sourit, pourtant je te sens troublée de te présenter ainsi face à moi !

Elle venait de faire mouche. Jamais je ne m’étais exposée de la sorte, et malgré la gêne que j’éprouvais, un indescriptible désir me poussait pourtant à continuer, comme si cela eut été naturel.

— Mon mari est au bout du monde, et les jours sont bien monotones par ici. Sois mon hôte, reste ici quelques temps, tout l’été si tu veux, car c’est sans la moindre violence que je te prouverais que tu as tort. Le plaisir, ou pourquoi pas, son manque sera ma seule arme. Je parie que tu ne pourras résister bien longtemps à cette douce torture que je me fais fort de te faire découvrir. Bientôt, elle te sera si insupportable que tu me supplieras d’y mettre fin. Et alors, quand tu t’y attendras le moins, c’est avec empressement qu’enfin tu me livreras ce que tu as de plus cher !

— Est-ce là un défi ?

— Absolument ! Car si tu le relèves, dès demain tu ne porteras plus guère que des sandales, un chapeau et de la crème solaire.

Bien évidemment, le reste de ma nuit fut agité alors que je m’efforçais toujours à tenter définir les contours de ce piège dans lequel je venais pourtant de me jeter tête baissée. Que pouvais-je faire d’autre d’ailleurs puisqu’il était hors de question d’y renoncer à présent ?

Au petit matin, elle est venue prendre ma valise qu’elle a enfermée dans un placard de sa chambre puis m’a simplement donné la liste de mes tâches du jour.

Quoiqu’elle m’ait assurée que tout ce qui ce passerait ici, resterait entre-nous seules, les premières heures de cette nouvelle vie me rendaient extrêmement nerveuse. Cette agréable sensation de liberté que je découvrais était loin d’être encore naturelle et électrisait tous mes sens. Mon hôtesse s’en amusait déjà elle qui, à l’affût du moindre de mes gestes, ne manquait pas de me corriger à chaque fois que je tentais machinalement de préserver un peu de pudeur.

A la fin de la journée, je me sentais comme épuisée tant elle avait été nerveusement éprouvante pour moi. Aussi, c’est presque naturellement que je me douchais dans le jardin près de la piscine maintenant que la salle de bains m’était inaccessible.

Bien que toute intimité me soit désormais refusée, je restais pourtant là à me détendre sous l’eau chaude tandis que je pouvais la voir s’affairer sous le patio. Mais c’était sans espoir et ma tension de tarda pas à grimper d’un cran lorsqu’elle m’interpella.

Elle se délectait de ma gêne car bien que le réservoir de la douche solaire ait été vide depuis bien longtemps je tentais toujours désespérément de me recomposer sous l’eau fraîche qui coulait à présent. Transie, je la rejoignis bien vite sous la pergola mais au lieu de me sécher, c’est sur le drap de bains qu’elle venait de disposer sur la table basse qu’elle m’invita à m’allonger.

Je compris aussitôt le sens de ses premières paroles de la matinée quand elle voulait me faire profiter de l’occasion unique d’obtenir un bronzage intégral.

Elle s’amusait déjà de mon trouble alors que les mains sur mes chevilles, je m’efforçais de lui exposer au mieux les secrets de mon intimité qu’elle maculait avec malice de mousse savonneuse, mais mon sang se mit à bouillir lorsqu’elle me présenta finalement le couteau de barbier qu’elle avait préparé.

Tétanisée, comme dans une brume extatique je la laissais impuissante, s’affairer entre mes cuisses. Elle m’arracha un râle de surprise lorsque ses mains couvertes de savon effleurèrent une première fois mes nymphes. Mais ce fut bientôt pire encore, tandis que c’est avec angoisse que je voyais la lame de son rasoir glisser sur ma peau, me déposséder de ma pilosité. Elle s’amusait de mon regard perdu alors que sans même m’y opposer je me contorsionnait pour pouvoir encore mieux offrir mon intimité aux affres de cette lame tant je craignais qu’elle ne me blesse.

Perdue, désabusée je sombrais peu à peu et malgré ma gêne, je finis par me détendre un peu tandis qu’elle s’affairait toujours à effacer les dernières traces de chaume sur mon pubis. Mes yeux s’étaient embrumés et les paumes des mains contre mon visage, je peinais à contenir mes émotions tandis qu’après m’avoir rincée, je sentais ses doigts masser mon arête sensible d’un baume apaisant.

— Tu étais déjà belle, je viens de te rendre superbe. Qu’en dis-tu ?

Je faillis presque m’étouffer quand, rouvrant les yeux mon regard se posa sur le miroir qu’elle avait disposé entre mes jambes largement ouvertes. Loin d’être redevenue une petite fille comme je le pensais, je fus aussitôt saisie par la vision de cette féminité que j’exposais si impudiquement tant la teinte délicatement rosée de mes lèvres intimes tranchait radicalement avec la blancheur de ma peau.

— Je suis un peu surprise que tu sois encore vierge tu sais ?

Comment aurais-je pu lui répondre alors que je lui présentais si effrontément mon sexe. Au comble de mon embarras, loin d’être insensible à ses attentions, mes nymphes s’étaient gonflées et mon clitoris durci brûlait d’une envie qu’il m’était impossible de soulager. Comme si elle lisait dans mes pensées elle continua.

— T’es tu déjà masturbée ?

Je rougis aussitôt et trop gênée pour répondre à sa question, je me contentais de répondre par l’affirmative d’un simple hochement de tête.

— Souvent ?

Fermant de nouveau les yeux je savais que jamais je ne pourrais lui répondre qu’il m’arrivait parfois de le faire plusieurs fois par jour tant il m’était difficile de maîtriser ma sexualité. Captant une nouvelle fois mon attention, elle insista plus fermement.

— Réponds-moi ! Souvent ?

— Non ! Fis-je comme exaspérée qu’elle ait voulu m’arracher un secret aussi intime.

— C’est très bien. Puisque tu es une bonne fille, je veillerai donc à te préserver de ce plaisir solitaire.

Cette dernière remarque m’intrigua durant toute la soirée où sans cesse assaillie de nouvelles sensations, il me semblait déjà que mon sexe nouvellement épilé, était devenu le centre de mon univers.

C’est au moment du coucher que soudain ma question trouva sa terrible réponse alors qu’une fois dans sa chambre je l’aidais à défaire l’un des lits jumeaux qui s’y trouvaient et qui m’était destiné.

Dans la pénombre de la pièce, elle pouvait dormir à poings fermés alors que tout mon être était dévoré d’un désir que je ne pouvais apaiser. Totalement exposée sur cette couche dont elle avait pris soin de me faire retirer les couvertures, je regrettais déjà de ne pas lui avoir avoué ce qu’elle avait aisément deviné. Aussi, bien qu’il m’eut été si facile d’apaiser ce feu qui avait été allumé en moi et qui se consumait entre mes cuisses, je savais qu’il m’était désormais impossible de m’y abandonner sans que la moindre des mes fautes ne fusse immédiatement découverte.

Malgré ma fatigue, je ne pu trouver le sommeil facilement tant je me sentais déjà incapable d’affronter cette nouvelle réalité. Je restais ainsi longuement à méditer sur ce défi que j’avais si imprudemment relevé et au terme de cette première journée, combien je craignais déjà d’affronter ses réactions si en plus je devais lui avouer mes propres faiblesses.

Le lendemain, c’est seule que je me suis réveillée. Il ne me fallut que peu de temps pour retrouver mes esprits. Aussi, bien que mon sommeil eut été hanté de rêves érotiques, c’est avec un désagréable sentiment de soulagement que j’ai redressé le drap immaculé sur lequel je venais de passer la nuit.

Quelque chose venait de changer pourtant. Maintenant que j’étais plus impliquée dans ce défi, je fus presque surprise de constater que ma rivale l’était tout aussi et pour la première fois depuis mon arrivée, nous avons eu l’occasion de faire notre gymnastique toutes les deux nues dans la fraîcheur matinale. Étonnamment, malgré mon appréhension à m’exposer, sa présence me rassurait et ce n’est qu’après nous être longuement rafraîchies dans la piscine, puis quelle eut enfilé une simple robe longue, que j’ai pleinement repris conscience de mon état, comme s’il eut été nécessaire qu’elle me rappelle ma condition.

Les jours défilaient et nous avions entreprit de repeindre toutes les boiseries de la maison. Sans être pénibles mes activités quotidiennes alternaient, du matin au soir entres des taches ménagères, aux heures chaudes ou de peinture et de jardinage aux heures plus fraîches. Son contact m’était aussi devenu plus familier et bien que j’en sois toujours perturbée, mon appréhension était déjà moindre lorsqu’elle se proposait de m’aider à m’enduire de lotion solaire.

Insidieusement, alors que je m’habituais à cette nouvelle forme de liberté, son étreinte était devenue plus perceptible tant je sentais ses griffes se refermer autour de moi. Malgré mes réticences, tandis qu’elle veillait toujours à ce que je reste lisse, elle s’était accaparée mon intimité et c’était désormais de bonne grâce qu’après l’avoir douchée je la laissais docilement s’occuper de ma propre toilette.

Avait-elle anticipé les sentiments qu’elle avait fait naître en moi ? Je ne le saurais peut être jamais pourtant, c’est bien volontiers qu’elle m’a laissé me lover contre elle, un soir ou mon désir était un peu plus fort que d’ordinaire. Plusieurs fois j’aurais voulu renoncer ce stupide défi, et m’adonner ce simple plaisir solitaire. Pourtant, j’aurais alors du lui avouer ma défaite à la minute même ou je me serais sentie être envahie par le plaisir.

Aussi, c’est ainsi que sans même y prendre garde, j’ai commencé à la satisfaire. Toujours vierge, je n’avais jamais été avec femme non plus et c’est bien maladroitement que je m’aventurais contre ses courbes délicates. Tout mon corps bourdonnait de désir et malgré l’enjeu de ce challenge, j’avais le fol espoir qu’en la satisfaisant elle finirait par m’en libérer. Cependant, nuit après nuit, alors que d’une langue maintenant experte, je l’avais poussé plusieurs fois au delà de l’extase, elle se plaisait toujours à m’enlacer et me serrer contre elle, le visage maculé de sa jouissance, me laissant à chaque fois cruellement insatisfaite.

Tout en moi était bouleversé et mes certitudes étaient devenues des angoisses tant l’inextinguible désir qui se consumait en moi altérait mon raisonnement. Un soir, alors qu’après plusieurs semaines d’efforts, nous venions de terminer nos travaux de peinture, elle décida qu’il était temps de profiter un peu de l’été. Aussi, après avoir pris un soin particulier à me raser, elle m’ouvrit son dressing en me demanda d’y trouver quelque chose de simple pour sortir. J’ai toujours été plus grande que la plupart des filles de mon âge aussi, après quelques essais infructueux j’enfilais finalement une robe d’été claire qui m’arrivait sagement à mi-cuisse.

Sa maison était isolée de la route principale à l’écart dans les collines, et alors que nous descendions le petit chemin de terre qui menait au village je me sentais comme renaître à la vie. Avec une incroyable acuité, je me saoulais à présent des bruits, des odeurs de la ville et surtout de cette agréable sensation de chaleur qui remontait le long de mon corps quand le vent marin s’engouffrait dans les ruelles que nous traversions.

Nous passâmes un agréable moment dans un petit restaurant sur la place de l’église ou elle me fit découvrir l’Esgarraet, une spécialité culinaire locale, accompagnée d’un peu de vin blanc. L’ambiance était festive mais après avoir terminé notre repas, nous sommes allées flâner dans les rues en direction de la plage.

À la fin de la soirée, nous restâmes un long moment assises sur un banc public à prendre le frais sur le front de mer tout en observant d’un œil distrait, le spectacle de la lune se levant sur la Méditerranée. Elle me demanda si j’appréciais les transformations qu’elle avait initié en moi et si j’avais remarqué combien en quelques semaines elle m’avait modelée en objet de désir tant les regards de tout le restaurant s’étaient focalisés sur moi.

Cette soudaine remarque m’intrigua mais en un instant je compris à quel point mon attitude pouvait être impudique à présent maintenant que les plis de tissu, largement remontés sur mes hanches, dévoilaient le galbe de mes jambes. Doucement, elle m’invita alors à poser un pied sur le banc tandis qu’elle relevait encore l’ourlet de mon vêtement jusqu’à exposer les replis délicats de ma féminité. Un agréable sourire complice illumina aussitôt son visage puis, posant une main contre mes lèvres, elle entama un long et inexorable massage de mon arête sensible.

Dans un imperceptible mouvement de hanches je m’arquais lentement contre le dossier tandis qu’à mesure que mon souffle se raccourcissait je sentais que j’allais être bientôt submergée par d’agréables vagues de plaisir. Fermant les yeux, je commençais déjà à me pâmer contre ses doigts, quand soudain elle s’arrêta, m’arrachant un long râle de frustration. Elle resta un moment la main contre mon sexe gonflé à le sentir pulser de désir. Je m’apprêtais avec envie à ce qu’elle me délivre enfin pourtant, se jouant toujours de moi, elle se contenta de porter à ma bouche ses doigts encore maculés de ma nacre.

— Peut-être est tu prête à présent ? Fit-elle amusée de constater à quel point j’étais déjà proche de perdre ce pari.

Mon humiliation devait être totale et tandis qu’un immense sentiment de honte enflammait mes pommettes, je me délectais pourtant des saveurs douces et salées de mon intimité. Il était temps que j’accepte ma défaite et, tel un guerrier vaincu s’apprêtant à défiler dans Rome, c’est avec assurance que, laissant glisser les bretelles de ma robe contre mes épaules, je l’abandonnai négligemment à ses pieds.

— Est-ce là ta reddition ? Me demanda-t-elle, surprise par cette soudaine bravade.

— Viens rentrons, c’est une parade de victoire que je t’offre.

Amusée par ma promesse, elle ramassa mon vêtement qu’elle jeta aussitôt dans une poubelle avant de me donner le signe du départ d’une amicale tape sur les fesses.

Bien que le village ait été petit, quelque peu désorientée par la nuit, je n’avais d’autre choix que de rebrousser chemin pour rentrer par là où nous étions venues. à cette heure tardive, les rues s’étaient vidées pourtant, c’est sous les regards tantôt surpris, parfois amusés des quelques passants que nous croisions que je me dirigeais avec angoisse vers la petite place ou nous avions dîné. Là, attablés aux terrasses des cafés, quelques petits groupes se restauraient encore, buvaient ou dansaient parfois au son des SoundSystems.

Mon entrée au milieu de cette foule fut étonnamment discrète, mais en quelques instants la situation bascula et bientôt je fus le centre de toutes les attentions. Un petit attroupement se forma rapidement autour de moi tandis que j’avançais toujours alors que les flashs des Smartphones crépitaient maintenant de toute part. Perdue dans cette multitude j’allais bientôt être submergée pourtant, loin de devoir me battre pour me frayer un chemin, je découvris rapidement qu’un simple sourire pouvait désarmer les plus braves quand je sentais parfois des mains aventureuses se promener sur moi.

Portée par le nombre, j’esquissais même quelques pas de Macarena sous le regard hilaire de mon hôtesse. Mais, bientôt alertée par des flashes bleutés qui semblaient vouloir se rapprocher de la place, c’est avec une incroyable fermeté qu’elle me prit la main et que nous nous sommes dérobées dans le dédale des petites rues attenantes.

Jamais je n’aurais pensé pouvoir un jour me livrer à une telle exhibition. Pourtant, maintenant que nous remontions paisiblement le chemin de terre vers la maison, bien que je sois toujours perturbée par ce que je venais de vivre, j’éprouvais presque de la fierté d’avoir eu ce courage de repousser ainsi mes limites. Aussi, encore troublée par mon incroyable performance, je reprenais lentement mes esprits quand, toujours vibrante d’un plaisir indescriptible, elle m’enserra à la taille alors que nous venions à peine de rentrer sous le patio. D’une main aventureuse, elle ne tarda pas à découvrir combien mes tétons durcis s’étaient dressés sur ma poitrine et tandis qu’elle me retenait, je sentais la chaleur de son autre main qui, posée sur mon pubis glabre, explorait doucement les replis humides de mon intimité.

— Tu as un incroyable potentiel. Je t’en félicite, c’était époustouflant. Tu m’as réellement charmée ce soir.

Je me sentais déjà fondre sous ses caresses expertes mais alors que j’aurais aimé que cet instant se prolonge en peu, elle reprit.

— Mais je reste sur ma faim. Qu’aurais tu d’autre à m’offrir me chuchota-t-elle tandis que d’un geste ferme elle m’invitait à m’allonger sur le lit de jardin sur la terrasse.

Alors qu’il y peu de temps j’aimais à rester nue toute la soirée avec elle c’est pourtant avec angoisse que je l’entendais s’affairer dans le coffre sous le meuble pendant que j’ôtais mes sandales et que je m’adossais, les pieds sur le matelas.

Le silence était revenu, et je pouvais sentir sa présence près de moi, son souffle chaud remonter lentement le long de mes jambes, contre mon ventre puis sur mes seins frémissants de désir. Soudain, alors même qu’il me soit impossible de le distinguer, c’est la troublante fraîcheur du pieu du gode ceinture dont elle s’était parée que je sentis s’insinuer doucement entre les replis de mon sexe surexcité.

C’est à cet instant précis que je compris combien elle m’avait dépouillée de mes défenses tant, au fil des semaines c’est tout en douceur qu’elle avait eu raison de ma volonté et au seuil l’extase, elle comptait maintenant que je m’abandonne totalement. Mes mains étaient déjà fermement maintenues sur l’oreiller quand elle me chuchota presque, d’une voix douce.

— Ne crois tu pas qu’il soit temps de me remettre mon prix à présent ?

Puis, comme s’il eut été encore nécessaire, elle insista de nouveau.

— Souviens-toi, ce que tu as de plus cher !

D’instinct mes jambes enlacèrent sa taille et, impuissante à me libérer de cette étreinte, c’est au comble de l’excitation que d’un coup sec, mes pieds pressèrent fermement contre ses reins et qu’aussitôt je sentis cette tige épaisse m’envahir complètement tandis qu’arquant ma tête en arrière c’est dans un éclair de douleur que je lâchais pourtant un long râle d’un indescriptible plaisir.

*
* *

Un agréable sourire illumina le visage d’Irina avant qu’elle ne croise le regard ébahit de la beurette qui restait interdite, sans voix. Satisfaite de son récit, d’un geste délicat elle releva le menton de sa soumise qui était restée sagement à ses pieds, avant de reprendre.

— A sa manière elle était toujours restée fidèle à son mari et jamais elle ne l’avait trahi avec un autre homme. Pourtant, à la fin de l’été, alors que son bateau n’était plus qu’à quelques jours du port de Valence, c’est moi qui ai décidé qu’il était temps que je mette fin à cette agréable aventure et c’est à regret que j’ai quitté celle qui avait fait de moi une femme.

Marquant une pause, elle se perdit un instant dans le regard bleuté de cette femme à genoux puis, après que son esclave lui eut rendu un sourire complice, elle conclut.

— Cette nuit-là, j’étais parfaitement libre de mes mouvements et pourtant, elle restera à jamais gravée en moi comme celle qui donna un sens à mon existence en me faisant découvrir le prix de la liberté.

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