Le hammam d’Aïcha

Dernière mise à jour le 13-01-2023 à 20:09 pm - Temps de lecture estimé 00:33:51

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Le lendemain, alors que les premiers rayons du soleil pointaient sur l’horizon, elle se présenta devant le hammam d’Aïcha. Elle était un peu en avance sur l’heure indiquée pour son rendez-vous, et machinalement elle s’attarda sur la devanture qui était constellée de produits de beauté, qui pour la plupart lui étaient totalement étrangers. Au milieu de cet ensemble, un écriteau détaillait les prestations que proposait l’établissement, et elle fut surprise de découvrir qu’il n’était ouvert qu’en semaine. Elle s’apprêtait déjà à repartir lorsqu’elle entendit que l’on s’affairait derrière l’entrée du salon et quelques instants plus tard, sur le pas de la porte, une femme l’interpella.

— Vous êtes ponctuelle, c’est bien. Je me présente, je suis Aïcha. Venez, ne restez pas là, entrez.

Clémence fut étonnée d’être reçue de si bon matin par cette femme mûre vêtue d’un caftan rose richement brodé qui ne correspondait absolument pas à l’image de son corbeau telle qu’elle se l’était imaginée. Toutefois, elle représentait son seul espoir de pouvoir mettre un terme au chantage dont elle était victime et dans ces conditions elle n’avait d’autre choix que de s’engager à la suivre.

Elles traversèrent rapidement le grand hall d’entrée, puis se dirigèrent vers l’office où Clémence se fit offrir une tasse de thé à la menthe et quelques douceurs.

— Est-ce la première fois que vous venez au hammam ? Lui demanda Aïcha.

— Euh, oui…, balbutia Clémence un peu surprise par cette question, elle qui ne connaissait même pas l’objet de sa venue.

— Je vois, repris Aïcha, attentive au trouble de sa visiteuse.

— En semaine, mon établissement est ouvert au public. Cependant, le samedi, il est destiné à une clientèle privée qui peut parfois désirer profiter des lieux en toute quiétude. Ainsi, dans mon pays d’origine, au Maroc, les femmes utilisent-elles le hammam pour accomplir le rituel de la mariée, où la beauté de la future promise est magnifiée avant qu’elle ne soit présentée pour la cérémonie officielle. Est-ce votre cas ?

— …Euh, non pas du tout, lui répondit elle, toujours troublée.

— Je l’aurai juré pourtant. Nous avons reçu une commande, de la part de votre amant je présume, qui dénote d’une réelle connaissance des coutumes orientales.

— Mon amant ? S’enquit Clémence intriguée, toujours à la recherche d’indices qui auraient pu lui permettre de démasquer son mystérieux corbeau.

— Je le suppose, mais je ne peux vous en dire plus, car cette réservation nous est parvenue via notre site internet, et de ce fait nous nous satisfaisons de son seul avis de règlement. Quoi qu’il en soit, vous serez aujourd’hui l’objet de toute notre attention, suivez-moi, je vais vous guider.

Quelque peu désappointée de n’avoir pu identifier son maître chanteur, Clémence était toujours troublée par les dernières paroles de cette femme qu’elle suivait à présent dans les méandres des couloirs de cet étrange établissement.

Son corbeau ne pouvait qu’être celui qui lui avait été présenté comme étant son amant, mais pourquoi voulait-il lui faire découvrir ces mystérieuses coutumes orientales ? Désirait-il réellement l’épouser ? Aucune réponse logique ne lui venait à l’esprit tandis qu’Aïcha l’aidait à se préparer dans un petit salon proche des bains.

— Je vois que vous ne vous embarrassez pas de superflu, c’est bien, lui fit-elle remarquer, tandis qu’elle pendait sa robe au milieu d’un immense casier que seuls son sac et ses sandales remplissaient. Clémence était toujours gênée de devoir s’afficher dans une nudité la plus totale et c’est avec soulagement qu’elle enfila le peignoir qu’Aïcha ne semblait jamais vouloir lui passer.

— Détendez-vous, aujourd’hui vous êtes ma seule cliente. C’est donc en toute quiétude que vous allez pouvoir profiter de tous les plaisirs qui vous seront offerts, termina-t-elle sur un ton rassurant, comme pour mieux apaiser sa gêne.

Après lui avoir brièvement expliqué le principe du hammam, elle la conduisit à l’entrée d’une première pièce embrumée d’une vapeur teintée d’un doux parfum de pin et d’eucalyptus.

Le temps ne semblait pas avoir de prise sur l’endroit, et désormais seule, c’est au gré de ses envies, que régulièrement Clémence alternait les passages entre cette pièce surchauffée et des douches fraîches et apaisantes. Passant successivement de la chaleur suffocante et la tiédeur presque froide, elle s’était peu à peu accommodée à l’atmosphère si particulière de ces lieux et se prélassait dans cette moiteur ouatée, jusqu’à ce que sa peau parfaitement hâlée ne soit constellée de perles de sueur. Au bout d’un long moment qui aurait pu être des heures, Aïcha revint lui offrir à nouveau un thé à la menthe avant qu’elle ne l’invite à se laisser envelopper intégralement de savon noir. Après un dernier passage dans le sauna, elle alla se doucher pour se débarrasser de sa gangue avant qu’Aïcha ne l’aide enfin à s’allonger sur une table de marbre, et ne commence un long gommage de peau avec un gant Kessa.

Clémence ne perdait pas un seul des instants de volupté que lui procurait cette friction ni l’agréable sensation de bien-être qui en résultait. Satisfaite de son ouvrage, Aïcha continua ses premières manipulations en enduisant de nouveau son corps d’un mélange odorant cette fois, qui lui sembla être du miel. Par petites touches, elle laissait couler un peu de ce produit dans le creux de ses mains, pour ensuite l’étaler doucement sur sa peau afin de l’adoucir en un lent et doux massage.

L’esthéticienne était très professionnelle dans la maîtrise de ses gestes, et Clémence appréciait particulièrement de sentir les doigts de cette femme glisser le long de ses jambes puis, après avoir lentement remonté les courbes de son dos, s’évanouir au delà de ses bras sans omettre de lui avoir légèrement caressé les épaules.

À peine interrompue par un changement de position, c’est confortablement installée sur le dos que Clémence se livra à nouveau de bonne grâce aux mains habiles d’Aïcha. Cependant, après s’être un moment attardée sur ses cuisses, c’est avec un peu d’appréhension qu’elle s’abandonnait désormais aux caresses de cette masseuse à mesure que ses doigts remontaient sur ses hanches. Un premier frisson la parcourut quand un petit volume du mélange odorant s’abattit sur son sternum et qu’en de lents mouvements concentriques, ses mains glissèrent sur ses petits seins comme pour mieux les pétrir. Immédiatement réceptifs à ce doux traitement, ses tétons s’étaient dressés fièrement, et c’est avec malice qu’elle semblait s’amuser à les torturer en les faisant rouler doucement entre ses doigts huilés.

Les yeux de Clémence brillaient d’excitation et Aïcha comprenant son trouble avait cessé de faire frémir sa poitrine de désir et la laissa s’apaiser pour un temps en remontant le long de ses épaules pour terminer par ses bras.

Mais cet agréable supplice n’était pas encore terminé, et un nouveau volume huileux s’abattit sur son nombril comme pour y noyer le bijou en forme de fleur qui la perçait, aussitôt suivi des lents et implacables mouvements circulaires de ses doigts. Tandis que son abdomen se contractait de plaisir au rythme de ces douces caresses, Clémence fut surprise par l’étrange compliment qu’elle lui adressa en lui faisant remarquer combien son corps était ferme et harmonieusement développé et qu’avec une telle musculature, il lui suffirait de travailler son sens du rythme pour devenir une remarquable danseuse orientale.

Le regard brillant, Aïcha s’amusait tout en finesse à sentir son ventre se crisper sous ses doigts à mesure qu’ils descendaient inexorablement vers son pubis et semblaient jouer malicieusement avec la touffe blonde qui l’ornait avec ostentation. Un long frisson la tétanisa presque quand, versant une dernière rasade du mélange onctueux, Aïcha le laissa alors couler sur son sexe puis se perdre lentement entre ses cuisses avant de reprendre méthodiquement son massage aux creux de son intimité. Elle, pour qui son corps n’avait désormais plus de secrets, semblait même s’amuser de son trouble en insistant quelque peu sur le capuchon de son clitoris, comme pour mieux attiser le feu qui couvait en elle.

Une troublante onde de plaisir était en train de germer en elle et Clémence commençait à se crisper, inquiète de ne pouvoir résister bien longtemps aux caresses de plus en plus appuyées de cette étrange masseuse. Ses lèvres s’étaient doucement gonflées tandis qu’Aïcha se plaisait toujours à se jouer de cette excitation naissante qu’elle peinait à contenir, tant le rythme de sa respiration s’était brusquement accéléré.

Prête à s’abandonner au plaisir, un long et ultime rinçage l’apaisa soudainement et seule la fraîcheur quasi providentielle de l’eau sur sa peau mis fin pour un temps à ce délicieux supplice. C’est ainsi que, toujours bourdonnante d’excitation, Clémence découvrit, à mesure qu’Aïcha prolongeait de nouveau son massage avec une huile légère, subtilement parfumée de senteurs envoûtantes, que cet agréable traitement lui avait également adouci l’épiderme en lui donnant un grain d’une douceur incomparable. Totalement détendue, presque épuisée, c’est sans plus se préoccuper de sa nudité qu’à regret, elle quitta l’ambiance surchauffée du hammam pour une nouvelle pièce plus fraîche qui ressemblait à un salon de coiffure.

À peine revêtue d’un simple poncho de nylon rose, c’est confortablement installée dans le large fauteuil qui trônait au milieu de la pièce, qu’Aïcha la confia à deux nouvelles esthéticiennes qui se mirent aussitôt à son service et débutèrent respectivement une manucure et une pédicure.

Jamais Clémence n’avait fait l’objet de tant d’attention, d’autant qu’Aïcha prétextant que c’était un cadeau, se montrait peu loquace quant au programme réel de la journée tandis que les deux femmes s’affairaient toujours au bout de ses membres.

Elles venaient à peine de se retirer la laissant seule un instant découvrir avec quels soins ses ongles avaient été embellis que soudain, la tirant de sa rêverie, son fauteuil fut brusquement relevé par une autre femme qui se présenta à elle comme étant sa coiffeuse. Caressant longuement ses cheveux mi-longs qui lui tombaient entre les omoplates comme pour mieux en apprécier les propriétés, après quelques instants de réflexion, elle lui proposa de lui décolorer quelques mèches et de modifier légèrement sa coupe, pour encore mieux lui éclaircir le visage afin de mettre en valeur la profondeur du bleu de ses yeux clairs. Clémence était sous le charme, et découvrait au gré des suggestions de cette femme combien quelques coups de ciseaux bien ajustés pouvaient la transformer si agréablement.

Sollicitée de toutes parts, elle aurait voulu que cette journée ne s’arrêtât jamais, abasourdie qu’elle était d’être l’objet de tant d’attention. De temps à autre, Aïcha passait prendre de ses nouvelles, et ne ratait pas une occasion de lui offrir à chaque fois quelques douceurs accompagnées d’une tasse d’un thé au goût suave, très aromatisé et envoûtant.

L’intuition de la coiffeuse était bonne, et cette nouvelle coupe, bien que partiellement achevée, lui fit redécouvrir avec élégance le charme adolescent qu’elle avait pendant ses années d’études, à la fois féline et sportive au regard mutin mais lui conférait à présent l’assurance d’une femme plus mûre qui lui manquait encore.

— Ne vous avais-je pas dit que vous passeriez une journée merveilleuse, lui rappela alors Aïcha, qui découvrait dans le sourire ému de Clémence combien elle pouvait être touchée par une aussi délicate attention.

— Suivez-moi, vous n’êtes pas au bout de vos découvertes. Lui dit-elle en la dirigeant vers une nouvelle salle de soins.

La pièce était assez petite et simplement meublée d’une large table capitonnée qui trônait en son centre. L’endroit, entièrement tapissé de miroirs et assez fortement éclairé, semblait être immense tant les quelques tabourets qui s’y trouvaient rangés çà et là semblaient se démultiplier à l’infini. Alors que Clémence patientait sagement assise sur la table, son esprit semblait errer sans but dans de vagues pensées tandis qu’Aïcha s’attardait bruyamment à explorer un placard encombré d’appareils électriques. Depuis son arrivée dans cet étrange salon de beauté Clémence n’avait eu de cesse que d’être ballottée de soins en soins, et c’est un peu lasse qu’elle s’étendit volontiers. Confortablement allongée sur le ventre, la tête entre les bras, Aïcha commença alors à lui manipuler les épaules, le dos puis descendit peu à peu jusqu’à ses pieds sans s’attarder outre mesure. Les gestes de l’esthéticienne étaient cette fois vifs et rapides, et contrairement à son précédent massage au hammam, celui-ci semblait être plus tonique.

L’ayant fait se retourner, Clémence eut alors le loisir de l’observer plus précisément tandis qu’elle enduisait les moindres recoins de son corps d’un gel incolore. Au contact du produit, elle éprouvait une sensation de fraîcheur sur sa peau qui, à mesure que l’onguent pénétrait son épiderme, se transformait en une agréable chaleur qui semblait vouloir doucement l’envelopper.

Aïcha poursuivit ensuite en lui mettant un masque opaque sur les yeux, au prétexte qu’elle allait réaliser sur elle un soin du visage purifiant. Isolée de la clarté vive de la pièce, comme à l’abri dans un cocon d’ouate tiède, seuls les doigts de cette femme qui massaient son front et ses joues semblaient encore retenir sa conscience, tant il lui semblait difficile de se tenir éveillée à présent. Son soin terminé, Aïcha la quitta quelques instants, non sans lui avoir laissé un petit fond sonore d’ambiance, probablement d’origine nord-africaine.

Bercé par le rythme des tambours qu’une flûte berbère de l’Atlas venait relever avec frénésie, son esprit vagabondait de nouveau pour se perdre lentement dans la plénitude. Aussi, bien qu’elle ait entendu les pas d’Aïcha revenant sans doutes accompagnée des femmes qui l’avaient manucurée, elle ne trouva pas la force de réagir et ne tarda pas à s’assoupir pour sombrer bientôt dans un profond sommeil.

Un peu désorientée, Clémence reprit timidement ses esprits tandis que les mains agiles d’Aïcha lui massaient toujours les épaules. Elle avait été libérée de son masque et découvrait avec perplexité que le salon si vivement éclairé tout à l’heure, n’était plus baigné que par une faible clarté. À présent, une douce fragrance de fleurs d’orangers s’était mêlée à celle de l’huile d’Argan qui l’enveloppait intégralement d’un voile uniforme jusqu’à subtilement embaumer la pièce.

Ayant remarqué que Clémence revenait à elle, Aïcha transforma peu à peu son doux massage en une longue caresse. Et, tandis que ses doigts se frayaient délicatement un passage dans le creux de ses cuisses, les courbes de Clémence ondulaient imperceptiblement, alors qu’à demi consciente elle semblait rechercher le contact de ces mains expertes qui enflammaient si agréablement son sexe huilé. Instinctivement elle remonta légèrement la plante de ses pieds l’une contre l’autre, comme pour mieux s’offrir au plaisir que lui prodiguait cette femme. Aïcha s’amusait maintenant à titiller, à pincer doucement ce sexe luisant dont les lèvres gonflées lui échappaient à chaque pression, tant l’huile d’Argan sur sa peau lisse n’offrait que peu de résistance entre ses doigts. Clémence râlait doucement de plaisir, tandis qu’Aïcha, ayant extrait son clitoris de sa cachette, le faisait subtilement rouler dans un mouvement de va-et-vient. Finalement, sans même qu’elle n’y prenne garde, un violent orgasme la ravagea, et encore pantelante, Clémence resta un long moment en extase à sentir ces doigts la caresser doucement, tant le charme de cet instant presque magique lui était agréable.

Reprenant lentement ses esprits, elle quitta à regret cette position lascive qui offrait son sexe béant au regard d’Aïcha, et ressemblant ses jambes se redressa péniblement sur sa couche.

— Ne vous inquiétez pas, une journée au hammam peut être épuisante, surtout la première fois, et il est fréquent de s’y endormir. Lui indiqua alors Aïcha toujours prévenante.

Son équilibre était encore quelque peu mal assuré, tandis qu’assise sur le rebord de la table de soins, elle hésitait encore à se lever. Tout son corps bourdonnait et une étrange sensation qu’elle ne savait expliquer semblait l’envelopper, comme si tous les nerfs du moindre des pores de sa peau avaient été sollicités en même temps. Le regard dans le vide, elle resta un moment à fixer son image qui se reflétait dans les miroirs, découvrant combien son corps huilé luisait magnifiquement dans cette étrange clarté. Pourtant, quelque chose semblait avoir changé en elle, mais dans la pénombre de la pièce il lui était encore difficile de le discerner. C’est alors que, posant son regard au sommet de ses cuisses, elle fut stupéfaite de se découvrir totalement lisse.

— Que m’avez-vous fait ? Lui demanda-t-elle incrédule.

— Vous savez, ce type d’épilation est la règle dans le monde arabe, répondit alors Aïcha, comprenant sa surprise.

Interloquée, Clémence n’arrivait pas à trouver de mots assez forts pour lui faire comprendre sa totale désapprobation et bouillait intérieurement de se voir ainsi transformée. Machinalement, alors qu’elle se redécouvrait d’un œil attentif, un étrange sentiment l’étreint cependant. La vue de son pubis glabre l’avait immédiatement mise mal à l’aise et jamais elle ne s’était sentie aussi nue qu’à présent, maintenant qu’il avait été dépossédé de sa pilosité.

Pourtant, loin d’être redevenue une petite fille, la parfaite symétrie de son sexe gonflé duquel pointaient légèrement ses nymphes, témoignant encore de sa récente extase, lui conférait un charme d’un érotisme incomparable qui la troubla immédiatement. Aussi, c’est en discernant cette étrange lueur d’admiration dans le regard d’Aïcha que faute d’arguments, elle comprit qu’il serait bien futile de lui en tenir rigueur et s’apaisa finalement en se disant que sa toison blonde finirait bien par repousser dans quelques temps.

— Vous voyez, je sens que vous appréciez déjà, lui adressa Aïcha en découvrant l’étrange sourire qui naissait sur ses lèvres.

— Venez, suivez-moi, il me reste encore une toute dernière petite chose à terminer avant de vous laisser repartir, conclut-elle.

Elle l’aida à se relever, puis les deux femmes se dirigèrent de nouveau vers la salle de manucure où elle entreprit de la débarrasser des entrefilets de henné séché qui ornaient ses pieds puis s’effilaient en de savants entrelacs jusqu’au milieu de ses cuisses. Surprise de ne pas l’avoir remarqué plus tôt alors qu’elles se trouvaient dans la pénombre de la table, Clémence la questionna alors longuement et avec anxiété au sujet de ce nouvel ornement, mais fut finalement vite rassurée de savoir qu’il était éphémère et qu’il finirait par disparaître dans quelque temps.

Une fois ses jambes débarrassées de la fine gangue qui les recouvrait, c’est presque à regret que Clémence se résigna à se revêtir et mettre ainsi un terme à cette surprenante exploration des coutumes orientales, tant elle avait apprécié d’être l’unique objet de tous ces soins qui lui étaient inconnus. Finalement, alors qu’elle s’apprêtait à repartir, elle fut heureuse de remarquer, que son tatouage jouait magnifiquement avec les enroulements d’argent du bijou qui ornait son pied, tandis que la couleur corail de ses sandales tranchait ton sur ton avec l’orange brun du henné qui serpentait le long de ses jambes.

C’est en sortant de chez Aïcha, alors qu’elle s’engouffrait dans le taxi qui devait la ramener chez elle, qu’elle fût étonnée de constater à quel point elle avait perdu la notion du temps dans cet étrange hammam, en découvrant avec stupeur que la nuit était déjà tombée. Jamais elle n’aurait cru cela possible, et c’est avec inquiétude qu’elle tenta de retracer les étapes de cette étrange journée dont elle avait fini par perdre le fil. Nerveusement, elle vérifia aussitôt le contenu de son sac d’un geste rapide mais rien ne semblait lui manquer. Au contraire, bientôt elle fut surprise d’y découvrir une enveloppe scellée qui l’aiderait probablement à trouver la clef de cette énigme. Intriguée, elle en retira une carte de visite du hammam sur laquelle était agrafée comme un trophée, une petite pochette en plastique transparent contenant une mèche blonde crépue, qu’elle reconnut aussitôt, accompagnée de ces quelques mots : « En souvenir ».

Cette délicate attention l’amusa d’autant plus, qu’à chacun de ses mouvements le frottement de sa robe contre son pubis nouvellement glabre lui rappelait à quel point sa féminité pouvait être exacerbée, tout comme les agréables sensations qui montaient de son sexe semblaient être décuplées à présent.

À peine troublé par cet amusant intermède, le train-train de sa vie quotidienne avait peu à peu repris ses droits, et les quelques jours qui suivirent se passèrent sans encombres. Ses collègues n’avaient pas été sans remarquer son agréable transformation ni ses nouveaux ornements au henné, mais ils lui firent bon accueil, complimentant au passage la dextérité de l’artiste qui avait si finement travaillé.

Son corbeau s’était fait rare, et quelque peu moins oppressant, si bien qu’elle avait finalement retrouvé un peu de sérénité dans ses activités. Au bout d’une quinzaine de jours au calme, alors qu’elle se prélassait comme à son habitude dans son jacuzzi, elle fut presque soulagée de constater qu’une maigre tâche, à peine plus grosse qu’une petite pièce de monnaie, recommençait timidement à se développer sur son pubis, juste au-dessus de ses lèvres. La lenteur de cette repousse l’intriguait quelque peu, mais sans y porter plus d’attention, elle se dit que bientôt le reste suivrait sur son sexe pourtant resté si impeccablement lisse.

Cette accalmie était précaire, et le vendredi suivant, un nouveau message lui fut adressé :

From: Anonymous
To: clemence@biz-concept.net
Subject: Soumets-toi : Rendez-vous

As-tu apprécié le hammam ?
Une voiture viendra te chercher chez toi ce soir à 21 heures.


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