Dernière mise à jour le 13-01-2023 à 20:09 pm - Temps de lecture estimé 00:05:14
— Ne vous avais-je pas dit que vous passeriez une journée merveilleuse, lui rappela alors Aïcha, qui découvrait dans le sourire ému de Clémence combien elle pouvait être touchée par une aussi délicate attention.
— Suivez-moi, vous n’êtes pas au bout de vos découvertes. Lui dit-elle en la dirigeant vers une nouvelle salle de soins.
La pièce était assez petite et simplement meublée d’une large table capitonnée qui trônait en son centre. L’endroit, entièrement tapissé de miroirs et assez fortement éclairé, semblait être immense tant les quelques tabourets qui s’y trouvaient rangés çà et là semblaient se démultiplier à l’infini. Alors que Clémence patientait sagement assise sur la table, son esprit semblait errer sans but dans de vagues pensées tandis qu’Aïcha s’attardait bruyamment à explorer un placard encombré d’appareils électriques. Depuis son arrivée dans cet étrange salon de beauté Clémence n’avait eu de cesse que d’être ballottée de soins en soins, et c’est un peu lasse qu’elle s’étendit volontiers. Confortablement allongée sur le ventre, la tête entre les bras, Aïcha commença alors à lui manipuler les épaules, le dos puis descendit peu à peu jusqu’à ses pieds sans s’attarder outre mesure. Les gestes de l’esthéticienne étaient cette fois vifs et rapides, et contrairement à son précédent massage au hammam, celui-ci semblait être plus tonique.
L’ayant fait se retourner, Clémence eut alors le loisir de l’observer plus précisément tandis qu’elle enduisait les moindres recoins de son corps d’un gel incolore. Au contact du produit, elle éprouvait une sensation de fraîcheur sur sa peau qui, à mesure que l’onguent pénétrait son épiderme, se transformait en une agréable chaleur qui semblait vouloir doucement l’envelopper.
Aïcha poursuivit ensuite en lui mettant un masque opaque sur les yeux, au prétexte qu’elle allait réaliser sur elle un soin du visage purifiant. Isolée de la clarté vive de la pièce, comme à l’abri dans un cocon d’ouate tiède, seuls les doigts de cette femme qui massaient son front et ses joues semblaient encore retenir sa conscience, tant il lui semblait difficile de se tenir éveillée à présent. Son soin terminé, Aïcha la quitta quelques instants, non sans lui avoir laissé un petit fond sonore d’ambiance, probablement d’origine nord-africaine.
Bercé par le rythme des tambours qu’une flûte berbère de l’Atlas venait relever avec frénésie, son esprit vagabondait de nouveau pour se perdre lentement dans la plénitude. Aussi, bien qu’elle ait entendu les pas d’Aïcha revenant sans doutes accompagnée des femmes qui l’avaient manucurée, elle ne trouva pas la force de réagir et ne tarda pas à s’assoupir pour sombrer bientôt dans un profond sommeil.
Un peu désorientée, Clémence reprit timidement ses esprits tandis que les mains agiles d’Aïcha lui massaient toujours les épaules. Elle avait été libérée de son masque et découvrait avec perplexité que le salon si vivement éclairé tout à l’heure, n’était plus baigné que par une faible clarté. À présent, une douce fragrance de fleurs d’orangers s’était mêlée à celle de l’huile d’Argan qui l’enveloppait intégralement d’un voile uniforme jusqu’à subtilement embaumer la pièce.
Un bon début, on se laisse emporter, c'est dépaysant!