Dernière mise à jour le 15-01-2022 à 17:21 pm - Temps de lecture estimé 00:37:26
La matinée était bien avancée lorsqu’elles sortirent de leur torpeur et après avoir pris rapidement leur petit déjeuner les trois amies se séparèrent brièvement, le temps de mettre une touche finale à un week-end de retrouvailles qu’elles se promirent de rendre inoubliable. Ainsi, tandis que Sylvie et Dominique s’engageaient à revenir la chercher dans l’après-midi, insouciante, Clémence était partie comme à son habitude faire son footing matinal sur les petits chemins rocailleux de la campagne environnante.
Son esprit était troublé et pendant sa course, elle n’avait de cesse que de se remémorer sa soirée passée. Il était évident que ses deux amies entretenaient depuis quelques années maintenant des relations intimes et, bien qu’étonnée et presque honteuse de s’être elle-même laissée aller aussi facilement entre les mains expertes de ses copines, elle ne regrettait nullement cette première expérience exclusivement féminine. Si bien que l’ascendant qu’elles avaient pris sur elle n’avait fait que rendre un peu plus excitante sa position et, au fond d’elle-même, cette soumission lui était apparue comme une initiation plutôt agréable. La simple idée que son corps ne soit plus qu’un jouet totalement livré aux désirs de ses amies la troublait profondément mais l’excitait de nouveau terriblement tandis qu’elle progressait en petites foulées sur le sentier.
Rompue aux longues séances de jogging en solitaire, elle ne s’était vêtue que très légèrement pour l’occasion. Était-ce son trouble ou l’intensité de son allure sous le soleil du midi, mais contrairement à son habitude, bien qu’elle n’ait parcouru que quelques kilomètres, elle se sentait déjà prise dans une étrange moiteur. Ses sous-vêtements lui paraissaient être trempés, et maintenant que de grosses gouttes de sueur la taquinaient en roulant sur son dos, son débardeur semblait s’amuser à redessiner ses formes en ne pouvant presque plus se décoller de ses muscles abdominaux durcis par son effort.
De retour chez elle, une longue douche salvatrice lui offrit l’agréable fraîcheur qui lui avait fait tant défaut pendant sa course, et tandis que le jet d’eau massait doucement ses épaules, elle ferma les yeux et s’abandonna à de nouvelles caresses intimes, pinçant tendrement ses tétons, titillant son clitoris, revivant une nouvelle fois avec plaisir son expérience de la nuit passée dans un nouvel orgasme libérateur.
Pendant ce temps, Sylvie et Dominique avaient mis au point un petit stratagème qui, sans le savoir, allait bouleverser la rassurante monotonie de sa vie. Cet après-midi-là, elles décidèrent de papillonner çà et là dans les rues de la cité phocéenne. C’est ainsi qu’après lui avoir présenté quelques-unes des principales attractions touristiques de la ville, elles s’attardèrent quelques temps dans une galerie marchande particulièrement fréquentée, là où leur plan devait trouver son point de départ.
— Dominique et moi avons décidé de prendre ton look en main. Entreprit alors Sylvie.
— Ces vieilles frusques, sneakers et t-shirt que tu portes ne te mettent absolument pas en valeur. Tu verras, ici nous allons trouver de quoi changer en princesse celle qui pour le moment n’est encore qu’une cendrillon.
Il est vrai que Clémence donnait l’impression de n’être qu’une étudiante attardée aux côtés de ses deux amies qui exsudaient leur féminité. Le centre commercial proposait une large palette de magasins de mode, aussi après avoir scruté quelques vitrines, elles entrèrent finalement dans l’une des échoppes et commencèrent à butiner dans les différents rayons bien décidées à relooker totalement leur amie.
Au bout de quelque temps, leur choix fait, elles l’emmenèrent vers les cabines d’essayage au fond de la boutique, déterminées à initier sa transformation. Leur attention s’était portée sur quelques jupes, des chemisiers, des tops, et toute une gamme de vêtements qu’elle ne portait que rarement voire jamais. Elle allait devoir changer radicalement de style afin de mettre en valeur les charmes de sa féminité qu’elle avait trop longtemps masqués sous son apparence quelconque. Aussi, c’est de bonne grâce que Clémence se laissa guider par ses amies en s’en remettant totalement à leur goût.
Installée dans une cabine à l’abri des regards, elle ôta tout d’abord son jean et son t-shirt, puis se livra aimablement à l’essayage des tenues que ses amies lui passaient successivement.
— Retire donc ce vilain soutien-gorge que tu portes, il risque de ne pas s’accommoder avec ceci, lui fit remarquer Dominique alors qu’elle lui tendait un petit top blanc moulant par le battant de la porte.
Clémence quoique surprise trouvait cette demande incongrue mais pas les mots pour s’y opposer.
— Allez, allez, on ne va pas y passer la journée, insista alors Sylvie toujours plus pressante.
Résignée, elle retira finalement son dessous de coton qu’elle accrocha, non sans une certaine appréhension, sur la patère de sa cabine.
— Fais-nous voir…, demandèrent alors ses amies, avec insistance.
— Je ne peux pas sortir comme cela, je suis en culotte…
Pour ne pas la brusquer, elles passèrent alors la tête au-dessus du battant de la porte, afin de satisfaire leur curiosité. De même que ses amies, Clémence découvrit alors que le vêtement lui moulait agréablement le buste et mettait délicatement en valeur ses petits bourgeons qui frémissaient maintenant au contact du tissu.
— Je ne vois pas pourquoi tu t’acharnes à porter cette brassière, je parie qu’ils flottent dans un bonnet A !
Clémence rougit aussitôt en portant immédiatement ses mains à sa poitrine, terriblement gênée par cette remarque intime. Elle qui avait toujours rêvé d’avoir une poitrine plus opulente se sentait complexée de n’avoir que de petits seins d’adolescente, à peine plus gros que des œufs au plat pensait-elle.
— Tu sais, ils sont petits mais charmants tes seins. Et puis, sportive comme tu es, c’est quand même plus pratique pour courir, non ? Les miens ne sont pas bien différents et je ne m’en plains pas, qu’en dis-tu ? Lui demanda alors Dominique d’un ton badin tout en relevant son débardeur d’un geste brusque.
Interloquée, Clémence resta un instant bouche-bée tandis que son regard était rivé sur les deux petits globes fièrement dressés qu’elle exhibait soudainement sans le moindre zeste de pudeur dans l’entrebâillement de la porte.
Sylvie s’amusa un instant de les voir ainsi, mais connaissant les penchants naturels de son amie, elle n’y prêta guère plus d’attention et retourna dans les rayonnages du magasin pour en revenir avec un petit boléro à manches longues, qu’elle passa aussitôt à Clémence.
— Il te manquait quelque chose. Tiens, essaie cela aussi, il devrait être parfait.
Ce nouvel article complétait parfaitement l’ensemble. L’aspect qu’il lui donnait mettait en valeur sa petite poitrine en accentuant son décolleté, tout en donnant l’impression que ce vêtement retenait ses épaules en arrière comme pour exacerber ses tétons qui pointaient légèrement à présent.
Clémence, tout en jetant quelques clins d’œil furtifs dans le miroir, ne pouvait que constater avec une certaine appréhension combien le galbe de sa poitrine était effectivement bien dessiné sous cet ensemble moulant. Cependant, toujours pudique, elle semblait également gênée de découvrir comment la teinte légèrement plus rosée de ses aréoles semblait être mise en valeur par le mince voile de blanc de tissus qui les recouvrait, comme pour mieux les révéler.
Sylvie, qui de son côté était partie lui chercher de quoi couvrir ses hanches, lui présenta ensuite quelques jupettes qui ne descendaient guère au-delà de la première moitié des cuisses. Jamais elle n’avait osé porter de tels modèles, mais après plusieurs essais infructueux, elle dut se résoudre à l’évidence que son amie était bien décidée à raccourcir sa garde-robe et qu’il serait vain de vouloir s’y opposer. Elle passa donc celle qui lui sembla être la plus sobre puis, sa tenue désormais complète, elle sortit enfin se présenter à la vue de ses amies. Elle fit quelques pas dans une allée bordée de miroirs non loin des cabines et en bon mannequin détailla avec un certain plaisir ses nouveaux atours. Jamais elle ne s’était sentie aussi exposée dans ce petit top blanc relevé par le boléro tandis que sa petite jupette sombre plissée, serrée au-dessus des hanches, mettait agréablement en valeur ses longues jambes fuselées.
— Tu seras superbe ce soir, s’extasièrent-elles en chœur, tandis que Clémence constatait avec anxiété combien sa jupe était courte et que si elle n’y prenait pas garde, elle aurait tôt fait de dévoiler les formes rebondies de ses fesses que ce vêtement couvrait à peine.
Cependant, cet instant de répit ne fut qu’éphémère, car toutes deux résolues à transformer sa garde-robe, ses amies reprirent presque qu’aussitôt leur quête dans les étalages.
— Maintenant retire tout cela et passons à autre chose.
Elle s’exécuta de nouveau et tandis que Dominique se dirigeait vers la caisse avec un premier paquet de vêtements, Sylvie recommença la séance en lui passant à présent quelques robes. Cette gamme lui paraissait être plus sage et bien que le style lui rappelait quelque peu celui des années beatniks, parmi tous les modèles qu’elle lui passait, elle en sélectionna un modèle clair et vaporeux qui lui tombait aux chevilles. Sylvie acquiesça en trouvant son choix judicieux, et malgré la réticence de Clémence qui la trouvait un peu trop échancrée à son goût, confirma malgré tout sa décision à son amie.
Après s’être prêtée au jeu et avoir accepté quelques autres effets similaires, pour achever ses essayages, Sylvie lui passa finalement une dernière robe-fourreau noire. Sans conviction Clémence l’enfila, persuadée qu’elle n’aurait jamais l’occasion de la porter, ce qu’elle lui fit aussitôt remarquer.
— C’est vrai que tu n’es probablement pas habituée à porter ce genre de robe de soirée. C’est dommage, car elle te va bien, lui répondit-elle avec assurance, comme pour mieux la conforter dans son choix pendant que Clémence terminait de l’ajuster sur sa poitrine.
Tandis qu’elle peaufinait son essayage en découvrant dans les miroirs combien cette robe redessinait agréablement les courbes de son corps, Sylvie ne paraissait toutefois pas être totalement satisfaite.
— Un petit quelque chose ne va pas, je crois que tu devrais retirer ta culotte.
— Quoi, tu n’es pas sérieuse ? S’étouffa alors Clémence, abasourdie par une telle demande.
— Tu as vraiment l’air nouille avec ça, on ne remarque que tes dessous. Sous une robe en lycra, c’est tout au plus un string ou un tanga qu’il faut mettre.
La critique était aussi incongrue que pertinente. Aussi, pour ne pas la froisser, Clémence n’eut d’autre choix que de s’exécuter. Le magasin n’était pas très achalandé, qui la remarquerait ?
Un frisson d’excitation la parcouru aussitôt quand, à contrecœur elle se saisit sans enthousiasme de l’ourlet de son vêtement quelle remonta doucement sur ses hanches. Elle hésita encore un instant mais, toujours pressée par son amie, elle fit alors glisser avec appréhension son ultime pièce de lingerie le long de ses cuisses pour la confier aussitôt à Sylvie qui s’empressa de la ranger dans son sac à main.
Après avoir fait de nouveau quelques pas en direction du petit couloir entièrement recouvert de miroirs qui servait de salon d’essayage, elle y remarqua combien ce modèle en fourreau pouvait la changer. Tandis que le hâle de sa peau contrastait magnifiquement avec le noir de jais de sa robe qui galbait doucement ses formes, ses cheveux clairs tombant sur ses épaules dorées ne faisaient qu’exacerber les charmes de son buste un peu plus dévoilés qu’à son habitude.
Une foule de sentiments contradictoires l’avaient envahie. Tandis qu’elle se sentait à la fois fragile et excitée d’être aussi peu vêtue, Clémence appréciait de voir sa beauté ainsi exposée dans ce simple vêtement et constatait avec plaisir que le garçon manqué qu’elle avait été jusqu’à présent se découvrait enfin à la féminité.
— OK, tu es radieuse comme cela, passe-la-moi, on la prend aussi, complimenta alors Sylvie qui n’avait pas été sans remarquer le large sourire qui éclairait son visage.
Comme portée par un petit nuage, Clémence alla retirer sa robe qu’elle passa sans se soucier à son amie qui s’empressa aussitôt de rejoindre Dominique qui l’attendait près de la caisse. Tandis que ses deux amies devisaient avec la vendeuse, Clémence, voulant se rhabiller, découvrit que les vêtements qu’elle avait accrochés sur la patère avaient disparu. Le charme s’était brusquement rompu et un frisson d’effroi la parcouru immédiatement, lorsqu’elle prit conscience de la fâcheuse position dans laquelle elle se trouvait à présent. Elle était intégralement nue, totalement démunie au beau milieu d’une galerie marchande, un samedi après-midi, jour de grosse affluence.
Passant timidement la tête au-dessus des battants de la porte de sa cabine, elle n’osa rappeler ses amies, car elle aurait alors immédiatement attiré sur elle l’attention des quelques clientes qui se trouvaient dans le magasin. Elle tenta bien de leur faire signe de la main, mais elles restèrent insensibles à son appel. Finalement, c’est avec effroi qu’elle les vit se diriger vers la sortie de l’échoppe puis s’enfoncer dans le centre commercial. Abasourdie, elle s’assit sur le minuscule banc de son réduit et s’y recroquevilla, comme hébétée de s’être laissée entraîner avec une telle naïveté dans cette situation cauchemardesque.
Tandis que le temps s’était brusquement figé entre les murs de sa cellule, autour d’elle la journée suivait son cours normalement tandis que d’autres clientes s’affairaient dans les rayons du magasin. Son esprit bouillonnait, mais ne trouvait de solution acceptable pour se sortir de cette inextricable situation dans laquelle ses amies l’avaient mise. Comment aurait-elle pu justifier sa présence dans cet endroit dans une tenue si minimaliste ?
Au bout d’un moment, qui lui parut être une éternité, elle entendit que l’on s’affairait près des battants de sa cabine. Clémence était décomposée, son souffle était court, elle sentait son cœur battre la chamade. Soudain, une des portes s’entrouvrit et une belle brunette aux cheveux courts d’une quarantaine d’années, strictement vêtue d’un tailleur sombre, s’imposa à elle immédiatement. Clémence, au bord de l’évanouissement, s’était recroquevillée sur elle-même, et toute penaude qu’elle était, n’osait affronter le regard de la gérante magasin qui semblait s’amuser de l’avoir surprise ainsi.
— Tes copines t’ont fait une vilaine farce ma belle !
Clémence avait le sentiment d’être une proie entre les griffes d’un carnassier, prête à être dévorée.
— N’aies pas peur, approche, montre-toi un peu.
Clémence déconfite, n’avait plus d’autre choix que de se laisser guider par la volonté de cette femme. Sans entrain elle se releva alors, mais tenta aussitôt de couvrir sa nudité.
— Mets tes mains sur ta nuque, bras et jambes écartés. Lui lança alors sèchement la femme sur un ton qui ne permettait pas la discussion.
Encore sous le choc, Clémence s’exécuta instantanément sans même protester. Toute penaude qu’elle était d’avoir été surprise ainsi, elle baissait la tête honteusement comme pour mieux fuir le regard de la vendeuse qu’elle n’osait croiser. Elle crut défaillir lorsqu’elle sentît ses mains douces qui, après s’être posées sur ses joues qu’elle sentait devenir écarlates, entamèrent une longue descente le long de son corps. Doucement, elle commença par ses seins s’attarda un instant sur ses tétons durcis puis descendit peu à peu vers ses hanches pour se perdre entre ses cuisses. Clémence était parcourue de frissons, jamais elle n’aurait imaginé se trouver dans une telle situation à la merci d’une inconnue dans un lieu ouvert au public.
Alors que les mains de la gérante parcouraient ses fesses, Clémence sentit avec effarement qu’elles s’attardaient maintenant entre ses jambes.
— Maintiens ta position jambes écartées, lui rappela-t-elle sèchement tandis qu’elle empoigna brutalement une touffe de l’abondante toison qui couvrait le haut de son pubis. La douleur la fit glousser mais elle s’exécuta aussitôt de peur de subir une nouvelle brimade. Elle sentit alors les doigts de cette femme parcourir les replis de son sexe humide qui malgré son appréhension semblait s’être gonflé. Après s’être attardés quelques instants sur son clitoris un, puis deux doigts forcèrent l’entrée de son intimité et commencèrent un léger mouvement de va-et-vient. D’un balancement de hanches presque imperceptible, Clémence tenta d’accompagner plus amplement ces envahisseurs, mais fut bien vite ramenée à la réalité par une vive tape sur les fesses.
— Tu es bien moins sage qu’il n’y paraît ma belle. Présente-toi un peu si tu veux que je te rende tes vêtements.
Intimidée mais contrainte, Clémence n’eut d’autre choix que de traverser alors plusieurs fois le petit couloir d’essayage, sous les yeux attentifs de la vendeuse qui lui précisait à chaque passage une nouvelle manière de défiler, mettant en valeur une partie de son anatomie chaque fois différente. Clémence, qui était désormais plus attentionnée aux ordres de la femme qu’à sa nudité, était toujours plus surprise par l’image de cette fille nue que les miroirs lui renvoyaient. Sans y prendre garde, cette dominatrice s’était brusquement introduite dans son intimité qu’elle s’efforçait de lui révéler au gré de ses allées et venues dans cette étrange galerie des glaces. Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’elle puisse s’exposer aussi crûment aux yeux d’une inconnue. Comment en était-elle arrivée là pour devoir s’abaisser aussi vulgairement ?
Elle n’eut pas le temps de terminer sa réflexion que deux nouvelles clientes entrèrent dans le magasin. À regret la gérante mit immédiatement fin à cette séance impromptue, et la libéra presque aussitôt de cette exhibition forcée en lui jetant à la volée ses quelques affaires qu’elle avait conservées auprès d’elle.
Soulagée d’être ainsi remerciée, Clémence ne se fit pas prier et, rouge de honte, enfila rapidement jean, t-shirt et sneakers, gênée qu’elle fût de se voir toisée par les deux femmes qui n’avaient pas été sans remarquer la fin de son étrange manège.
Encore sous le choc, tandis qu’elle s’empressait de sortir du magasin, elle fut subitement interpellée d’une voix forte par la gérante qui se trouvait maintenant à la caisse.
— Mademoiselle, vous oubliez vos achats.
Surprise, Clémence resta un moment interloquée quand elle se vit offrir plusieurs paquets qui contenaient les articles qu’elle avait essayés quelques dizaines de minutes plus tôt avec ses amies.
— J’apprécie beaucoup quand des jeunes filles dans ton genre se prêtent volontiers à quelques essayages. Comme tu as été tout aussi charmante qu’obéissante, je pense que ta prestation vaut bien cette petite rétribution.
Déjà un profond sentiment de gêne l’avait envahi, tant elle était troublée par les regards en coin que semblaient lui jeter les deux femmes qui paraissaient être bien plus attentives à ses réactions qu’aux vêtements alignés dans les rayonnages. Mais bientôt elle crut défaillir de honte quand la gérante, pointant du doigt ses sous-vêtements désormais largement exposés sur le comptoir, acheva de l’humilier.
— Tu n’auras plus besoin de ces vieilleries que je garde comme trophées en souvenir de ta visite. Au plaisir de te revoir ma belle.
Quelque peu perplexe, Clémence était profondément touchée d’avoir dû s’afficher ainsi. Pourtant, l’étrange compliment que lui avait adressé cette femme l’avait marquée au point qu’elle ne comprenait pas comment elle avait pu abandonner si vite son libre arbitre pour s’en remettre à la seule volonté d’une autre. Néanmoins elle fut soulagée d’être accueillie au seuil du magasin par ses deux amies hilares qui n’avaient rien manqué de ce final si particulier.
— Pourquoi m’avez-vous fait un coup pareil, je vous croyais mes amies ? Leur lança-t-elle furieuse d’avoir été trahie de la sorte.
— Ne t’inquiètes pas, c’est le type de femme qui adore ce genre de situations scabreuses. Ne gâche pas son plaisir puisqu’elle était complice. Et puis te voila relookée à peu de frais à présent.
Au bout de peu de temps, sa honte passée, la colère de Clémence s’apaisa, et elles rirent de bon cœur lorsque qu’autour d’une tasse de café celle-ci leur donna les détails de sa mésaventure.
Elles poursuivirent alors leurs emplettes dans un magasin de chaussures, où Clémence s’acheta une élégante paire de sandales à talons plats bien plus en rapport avec son nouveau style vestimentaire que ses anciennes sneakers. Puis, comme pour se faire pardonner leur aimable forfaiture, Dominique et Sylvie l’entraînèrent finalement dans une bijouterie branchée où, après avoir longuement butiné autour des présentoirs, elle se vit aussi offrir un étrange anneau d’argent.
C’est alors qu’offrant innocemment sa main à la vendeuse, elle fut surprise d’être conviée par cette dernière à venir s’asseoir sur un banc capitonné au fond du magasin pendant que ses amies restées en arrière s’attardaient toujours autour de quelques breloques. Pensant que cet élégant bijou allait être anodin à porter, elle resta un instant interloquée face à cette beauté brune aux cheveux longs tandis que cette étrange jeune femme aux doigts couverts de bagues lui retirait les sandales qu’elle venait à peine de s’acheter.
Un instant surprise et troublée à la fois de devoir allonger ses jambes sur un petit repose pieds près de cette femme agenouillée devant elle, Clémence compris bien vite sa méprise en saisissant qu’il lui serait plus aisé d’enfiler ce bijou d’orteil ainsi. Un intense frisson remonta sa jambe lorsqu’elle sentit ses mains chaudes lui masser un moment le pied avant de glisser le lourd anneau d’argent le long de son secundus. Profondément troublée par cette délicate attention, elle resta immobile à détailler les fines gravures d’inspiration celte qui parcouraient ce curieux serpent à deux têtes aux yeux d’émeraude qui s’enroulait maintenant au bout de son pied.
— C’est assez rare qu’une jeune femme comme vous ne porte aucun bijou. Lui fit remarquer la vendeuse, tandis que Clémence s’amusait de voir comment les circonvolutions de ce reptile métallique avaient pris possession de son orteil.
— Les celtes prêtaient de nombreux pouvoirs magiques à leurs parures. Connaissez-vous le symbolisme de celle-ci ?
— Oh, je ne crois pas à la magie. Peut-être symbolise-t-elle la dualité entre le bien et le mal ?
— En effet c’est une des interprétations possibles. C’est aussi un puissant symbole de renaissance et de fertilité.
Alors que la jeune femme s’affairait toujours auprès d’elle, Clémence trouvait cet étrange ornement quelque peu mal ajusté à son goût. Soudain, alors qu’elle allait lui en faire la remarque, la femme se saisit de nouveau de son pied et d’un geste ferme et rapide, mata aussitôt les enroulements de métal sur son orteil à l’aide d’une étrange petite pince. Sans même qu’elle n’ait eu le temps de réagir, la femme venait de sertir cette large bande d’argent autour de sa phalange et, après s’être assurée de la bonne fixation de cette nouvelle parure, libéra finalement sa jambe en une ultime et douce caresse qui la fit frissonner une nouvelle fois.
— J’aime bien cette idée de renaissance, de nouveaux horizons …Mais alors, que penser de la fertilité quand il vous est offert par vos meilleures amies ? Lui demanda Clémence quelque peu perplexe.
— Je suis sûre que vous saurez lui attribuer une signification qui lui soit propre. Tant que vous le porterez, je ne doute pas un instant qu’il ait un effet bénéfique sur le cours votre vie, qui sait peut-être est-il magique ? Conclut aimablement l’étrange femme.
Clémence était troublée et confuse par cette dernière remarque. Cependant elle l’oublia vite tant son attention était attirée par ce nouveau bijou qui venait de prendre possession de son pied. Un moment inquiète de ne pouvoir ôter par elle-même cet étrange anneau qui ne la quitterait pas de si tôt, elle n’en était pas moins fascinée par son charme, tant il relevait élégamment le galbe de sa jambe. Finalement, le sourire charmeur de la vendeuse eut raison de ses dernières craintes en finissant de la convaincre qu’elle porterait toujours sur elle cette touchante marque d’amitié de ses amies, balayant par là même les quelques griefs qu’elle avait pu avoir précédemment à leur encontre.
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